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Leurs premiers pas dans la vie d’après #3

Ils font partie des derniers à avoir bouclé leur tour du monde. Mais pour Romain Attanasio, Arnaud Boissières, Clément Giraud, Manuel Cousin et Alexia Barrier, le Vendée Globe 2024 a déjà commencé, au point de ne pas vraiment avoir coupé depuis leur arrivée. Sébastien Destremau, lui, s’est arrêté en Nouvelle-Calédonie. Ils racontent.  

Alexia Barrier

À entendre le débit de leur voix, à l’autre bout du fil, ils n’ont pas vraiment débranché. Quand ils décrochent, Romain Attanasio est dans sa voiture, Alexia Barrier termine un créneau, Clément Giraud est en plein cours avec ses deux enfants (il fait l’école à la maison) et Arnaud Boissières achève une discussion avec un membre de son équipe.

« Je suis à 200 000 volts » s’amuse ‘Cali’, sourire aux lèvres. Il y a chez lui une expression qui revient : « battre le fer tant qu’il est encore chaud ». Romain Attanasio l’utilise aussi quand Alexia Barrier préfère parler de « volonté de surfer sur la vague » et Manuel Cousin assure « avoir encore la tête dans le guidon ».  L’objectif ? Préparer la suite, le retour à la compétition et goûter à nouveau aux joies du Vendée Globe, dans quatre ans.

« Tout le monde est en ébullition » (Alexia Barrier)

Si Clément Giraud souhaite se laisser du temps – « j’essaie d’entrevoir comment va se passer la suite tout en laissant décanter pour prendre la bonne décision » - les autres ont appuyé sur l’accélérateur. « Quand on exerce le métier de skipper, il faut toujours être proactif, chercher du budget, s’interroger sur la suite », explique Manuel Cousin.  « Ce sont des projets sur quatre ans et c’est important de les débuter tôt, d’embrayer tout de suite, atteste Romain Attanasio. « Avec mes partenaires, nous étudions les retombées, ce qui a marché ou non mais moi, je sais ce que je veux faire », ajoute Arnaud Boissières.

Alexia Barrier, qui a enchaîné les rendez-vous dans des rédactions à Paris avant de débuter une tournée dans les écoles qui l’ont suivie, est également heureuse de se projeter, un processus qu’elle a débuté dès sa remontée de l’Atlantique. « Nous voulons débriefer vite avec mes partenaires pour envisager la suite et mettre en place un programme ». Et ils ne sont pas les seuls à penser au Vendée Globe 2024. « Tout le monde est en ébullition, ça court dans tous les sens et cela rend compliqué l’achat d’un bateau, d’autant que je veux prendre le temps d’en choisir un qui me convient », poursuit Alexia.

La chasse aux IMOCA d’occasion est ouverte

« C’est clair qu’il faut réagir vite pour avoir les meilleurs bateaux, poursuit Romain Attanasio. On constate à quel point le Vendée Globe a été un grand succès populaire. On aurait pu penser qu’avec la crise, les sponsors allaient être plus réticents mais ce n’est pas le cas, l’intérêt est toujours aussi fort ». Tous saluent d’ailleurs le « joli coup » réalisé par Louis Burton qui a racheté L’Occitane en Provence (11e du dernier Vendée Globe), qui deviendra Bureau Vallée 3.

« Il faut faire attention à ce que cela n’entraîne pas une surenchère sur les prix », prévient néanmoins Alexia Barrier. Un autre skipper qui a participé à la dernière édition, pointe les risques d’une concurrence exacerbée : « quand j’apprends qu’un marin démarche mes sponsors, ça me met en rogne. Il faut qu’on conserve du respect et de l’honnêteté si l’on veut rester une famille ».

« C’est le grand air qui manque » (Giraud)

Il n’empêche, cette course effrénée pour préparer leur vie d’après, si enthousiasmante soit-elle, peut aussi être harassante. « Ce qui me manque ? Avoir la paix, rigole Alexia. J’étais bien sur mon bateau, on avait notre rythme avec mon ‘petit Pingouin’ » « Tout n’est pas toujours très drôle à terre, poursuit Romain Attanasio. On a quitté un bateau avec lequel on était en harmonie et, malgré les galères, c’est ce qu’on sait le mieux faire. »

« En ce moment, on est un peu enfermés dans nos chaumières, c’est le grand air qui manque » poursuit Clément Giraud. Et cela se matérialise parfois au détour d’une discussion qui s’éternise. « Il m’arrive d’avoir un peu la tête dans les nuages, de ne pas réussir à me concentrer », sourit Romain Attanasio. « Il y a quelques jours, je parlais à des gens mais je n’étais pas vraiment là, j’oubliais ce que je disais », explique aussi Alexia Barrier. Leurs agendas sont tellement remplis que cela repousse aussi les projets de vacances : pas avant Pâques pour Romain Attanasio et Sam Davies alors qu’Alexia Barrier et Manuel Cousin confient « qu’il n’y en aura pas beaucoup d’ici la fin de l’année ».

Clément Giraud compense par des sessions de surf, Manuel Cousin a passé le week-end au Grand-Bornand dans les Alpes, Alexia Barrier – qui soigne toujours sa blessure au dos – s’est autorisée des balades le long de la côte, Romain Attanasio et Sam Davies sont rentrés de l’île de Houat en semi-rigide, de nuit, après un hommage au fils d’un ami perdu en mer. Arnaud Boissières, lui, a retrouvé son pote Yannick Bestaven à Arcachon pour une sortie en Class 8 (monocoque de 7,85m sur lequel ils régataient ensemble lorsqu’ils étaient ados). « Naviguer au large, c’est un petit luxe mais c’est le fait de naviguer tout court qui me manque », confie le marin de La Mie Câline-Artisans Artipôle, ravi de son escapade iodée avec le nouveau tenant du titre. La mer et les plaisirs qu’elle procure ne sont décidément jamais vraiment loin dans le quotidien des marins du Vendée Globe.

 

 

DES NOUVELLES DE SÉBASTIEN DESTREMAU 

Il avait décidé de jeter l’éponge le 16 janvier dernier, alors qu’il naviguait au large de la Nouvelle-Zélande. Depuis, Sébastien Destremau s’était amarré à Christchurch. Le skipper de Merci s’est dit très « touché » par l’accueil sur place, notamment d’un couple franco-néo-zélandais qui l’a hébergé. « Ils avaient un atelier complet et ils m’ont aidé à bricoler les pièces cassées et à remettre mon bateau en état de marche », confie-t-il. Une phase de chantier salvatrice. « Ça m’a permis de comprendre pourquoi j’ai eu autant de problèmes pendant le Vendée Globe. En fait, mes paliers de safrans étaient cuits, mal vissés, mal révisés, mal remontés ».

Après cinq semaines de travail sur son bateau, il reprend la mer, se rend à Auckland pour « ressentir l’ambiance de la Coupe de l’America » avant de mettre le cap sur la Nouvelle-Calédonie où sa compagne s’est installée. Souhaite-t-il boucler son tour du monde ? « Je ne suis pas affamé à l’idée de faire la 2e partie du parcours mais j’ai envie de le faire dans un second temps, seul ou avec mes frères ». Si Sébastien Destremau n’a pas d’échéance précise, il évoque l’automne prochain après « un tour de conférences en Nouvelle-Zélande ». Mais le skipper garde sa passion intacte : « Pour moi, le Vendée Globe ne se limite pas à une course, c’est ma vie de tous les jours depuis six ans ». Et le marin s’est attaché à le raconter : son deuxième ouvrage, relatant son aventure, devrait paraître à la mi-mai.

 

Par la rédac du Vendée Globe / Antoine Grenapin


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